Qui suis-je ?

Je m’appelle Kenza Regy, graphiste et illustratrice de formation, j’étudie actuellement en Master II Création Numérique à l’Université Toulouse Jean Jaurès. Dans le cadre de cette dernière année d’études, et au vue de mon projet de mémoire traitant de la cartographie, je serai en stage chez Makina Corpus Toulouse jusqu’au 29 avril 2016. À travers ce blog, je tenterai de vous faire part de la progression de ce dernier.

Mon projet

Dans une société où la carte s’est adaptée à l’image de nos échanges et de nos besoins, et où chacun de nos gestes peut être désormais anticipé et planifié, ma réflexion s’applique à reconsidérer les usages de la carte, en s'affranchissant de l’image d’une cartographie marchandisée pour en donner une approche plus sensible, et ainsi amener la carte-objet vers une carte-sujet. Bien évidemment, ma démarche ne cherche pas à évincer sa fonction utilitaire, mais à réfléchir et à regarder différemment l’espace et nos déplacements à travers elle. De ce fait, c’est en prenant le propos à l’envers que j’ai envisagé la création d’un dispositif grâce auquel la carte n’induirait plus le mouvement, mais par lequel le mouvement lui-même induirait la carte.

D’après cette idée, j’envisage de créer une application mobile utilisant les ressources de la technologie GPS, qui permettra de traquer et d’enregistrer les parcours et déambulations hasardeuses des participants se déplaçant à pieds dans la ville, afin de contribuer à une cartographie commune : une action individuelle au profit d’une subjectivité collective.
À la manière des Situationnistes, il me semble que la marche joue un rôle primordial dans l’appréhension et la compréhension de l’espace en tant que matérialité et immatérialité. En effet, mieux que n’importe quel moyen de locomotion, elle sait convoquer les sentiments, l’imaginaire, le temps et les sens, par sa confrontation directe avec le milieu environnant.

Ainsi, ces différents parcours deviendront visibles dans une projection dynamique (en temps réel) qui combinera chacun d’entre eux sur un même plan. Seuls les mouvements des utilisateurs seront apparents sur la carte, re-dessinant à leur façon l’espace urbain. Cette projection sera présentée dans un premier temps à la Fabrique de l’Université Toulouse Jean Jaurès lors de ma soutenance, mais j’envisage qu’elle le soit ensuite dans un lieu culturel ou un espace d’exposition accessible à tous.

Technique & Esthétique

Pour ce qui est de la partie esthétique du projet, chaque trajet enregistré sera stylisé par un tracé, lui-même composé de plusieurs lignes accolées, de façon à symboliser cette impression de fluidité et de mouvement. Les différents tracés auront une couleur spécifique attribuée en fonction des participants, de façon à les distinguer les uns des autres et à pouvoir observer leurs similitudes ou leurs rencontres. L’épaisseur de ceux-ci pourra également varier selon la vitesse des déplacements, et leur opacité en fonction de l’ancienneté des parcours.

N’ayant pas toutes les compétences et connaissances nécessaires à l’élaboration technique de mon projet, ce stage est l’occasion pour moi d’obtenir une aide précieuse concernant le développement de l’application et la visualisation graphique des données captées. Pour le moment, je tente d’apprivoiser D3 qui me permet cette représentation, grâce au report des points de déplacement en x et y (longitude, latitude) et par lequel j’ai réussi à obtenir un tracé lissé. De plus, je suis parvenue à multiplier un tracé directeur en plusieurs lignes qui le suivent de manière homothétique et à modifier l’épaisseur de ces derniers en fonction de la vitesse de déplacement, la couleur est attribuée aléatoirement également. Néanmoins, mes essais sont actuellement effectués par le biais de données fictives. Mon prochain objectif est de modifier l’opacité des tracés selon la date et l’heure auxquelles ils sont émis. Plus le déplacement est récent, plus la couleur est vive, plus il est ancien plus il s’éclaircit… À suivre !

Ma démarche

Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une réflexion que j’ai menée à travers plusieurs autres productions durant mon cursus universitaire ; dans lesquelles j’ai utilisé la cartographie comme le moyen d’exprimer la complexité de notre monde tangible ou intérieur. Selon moi, la cartographie est une façon de représenter des espaces intimes que nous ne percevons pas nécessairement de manière intelligible dans notre réalité. Comme le disait Ptolémée : « la carte nous montre des choses que nous ne pouvons pas voir », elle offre ainsi, d’un regard, le monde dans son étendue mais également dans son épaisseur physique et abstraite. Échappatoire suprême, invitation au voyage ou à la dérive, elle est le support de nos récits…

Premiers essais de rendu sur D3.