Makina Corpus a assisté à cette conférence et vous propose une sélection des interventions majeures sur le sujet.

Retrouvez les épisodes précédents :

• Manuel Lima présente les principes de design utilisé chez Google
• Lisa Charlotte Rost nous rappelle l'importance de l'objectif de nos visualisation

• Andy Kirk n'oublie pas de considérer son audience

Evanthia Dimara insiste sur l’interactivité

Professeure assistante en visualisation de données à l'université d'Utrecht, ses domaines de recherche sont la visualisation d'information et les interactions homme-machine. Elle a notamment publié "What is Interaction for Data Visualization ?"  avec Charles Pepin.

Pourquoi parler d'interactivité en visualisation de données ?

Pour Evanthia Dimara, l'interaction est un sujet clé souvent laissé de côté dans la visualisation de données. Pourtant c'est un aspect très utile, particulièrement quand un jeu de données est trop grand pour que l'on puisse comprendre sa représentation exhaustive ou pour montrer des données via différentes perspectives.

Mais au delà de ces cas d'usages, interagir avec des visualisations est aussi un moyen d'accroître notre cognition : à travers la manipulation directe, nous créons, testons et affinons de la connaissance supplémentaire.

Dans sa conférence, Evanthia Dimara expose plusieurs techniques d'interactions :

• Selectionner : Marquer un item comme intéressant, mettre en avant
• Connecter : Montrer des items reliés, appliquer des filtres conjointement aux différentes visualisations
• Abstraire / élaborer : Montrer plus ou moins de détails selon le besoin, agréger
• Filtrer : Montrer de manière conditionnelle
• Explorer : Montrer autre chose, naviguer, zoomer
• Reconfigurer : Montrer une disposition différente, changer l'ordre

• Encoder : Changer de représentation : liste, graphique, changer de type de graphique

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Ne pas ajouter d'interactions par défaut

Elle nous met en garde sur l'usage de l'interactivité. Il n'est pas opportun d'en ajouter partout : a-t-on atteint les limites des représentations plus statiques ?

Sur cet aspect là, Evanthia cite le projet de recherche Paohvis. Il est vrai que des techniques d'interactions sont utilisées (sélection, filtrage, abstraction), pourtant l'effort principal a été mis sur la recherche d'une visualisation adéquate pour représenter des hypergraphes dynamiques (graphe de réseau évoluant dans le temps où chaque personne - sommets du graphe - peut être connecté à d'autres sommets). La représentation appelée "Parallel Aggregated Ordered Hypergraph" est présentée dans l'étude.

Source : https://aviz.fr/paohvis

Ici, chaque personne du réseau ("vertices") est représenté verticalement par une ligne. Le temps correspond aux colones, et chaque arrête ("edge") est représentée par un point et une ligne. Les "supers arrêtes" ('hyperedge") - connectant plus de deux personnes sont représentées par une ligne verticale connectant plusieurs points.

La science de l'interaction en visualisation de données, l'exemple du projet Active reading of visualization

Dans le cas où l'interaction est choisie dans un projet, que peut-elle apporter de plus ? C'est la question que s'est posé un groupe de recherche en sciences de l'interaction dans des travaux qui analysent les interactions pour voir comment les individus créent de la connaissance à partir d'une visualisation.

Evanthia nous présente le concept de "lecture active de visualisations" au travers du projet Active reading of visualizations. On applique la notion de lecture active - le fait de se poser des questions sur un texte, lire en étant délibérémment engagé : annoter, faire des liens entre plusieurs texte pour favoriser la mémorisation - à la visualisation de données.

Ici, aucun outil informatique n'est proposé, les participants peuvent interagir avec une visualisation papier avec la possibilité d'ajouter de l'information via des calques et de prendre des notes à côté. On donne comme missions aux personnes de répondre à des questions sur le jeu de données représenté en utilisant les outils mis à disposition. Toutes les interactions physiques réalisées par les participants ont été notées et catégorisées.

Source : Active Reading of Visualizations - vidéo explicative

L'étude suggère que ce type de "lecture des visualisations" permet une meilleure compréhension et donne des pistes pour enrichir les types d'interactions possibles pour les visualisations digitales.

Aller plus loin

• Evanthia Dimara, Charles Perin. What is Interaction for Data Visualization? IEEE Transactions on Visualization and Computer Graphics, Institute of Electrical and Electronics Engineers, 2020, 26 (1), pp.119 - 129.10.1109/TVCG.2019.2934283. hal-02197062
• Le site PAOHvis pour retrouver des vidéos explicatives et un démo de l'outil, la publication Analyzing Dynamic Hypergraphs with Parallel Aggregated Ordered Hypergraph Visualization Paola Valdivia, Paolo Buono, Catherine Plaisant, Nicole Dufournaud, Jean-Daniel Fekete. . IEEE Transactions on Visualization and Computer Graphics, Institute of Electrical and Electronics Engineers, 2021, 27 (1), pp.1-13. 10.1109/TVCG.2019.2933196. hal-02264960
• Le site Active reading of visualizations, la publication Active Reading of Visualizations (Jagoda Walny, Samuel Huron, Charles Perin, Tiffany Wun, Richard Pusch, and Sheelagh Carpendale)

Bonus

Dans une autre conférence, Sandra Rendgen a dédié sa présentation à l'historique des règles de visualisations, notamment pour l'usage des cartes choroplèthes. Nous y avons découvert un français, Manier, ainsi que sa carte sur le progrès de l'instruction en France 1832 - 1867 .

D'autre cartes peuvent aussi être retrouvées sur Gallica.

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